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Vocable OG

21 mai 2007

Complexe...

Le lancement du mouvement démocratique, le nouveau parti central - et non centriste, puisque M. Bayrou se refuse à l'accabler d'une telle dénomination - surviendra le jeudi 24 mai au Zénith de Paris...

Cette innovation sur la scène partisane politique française répond à la vague qui s'est levée en faveur du candidat UDF à l'élection présidentielle des 22 avril et 6 mai derniers. La volonté de faire débuter une période nouvelle pour la force politique du centre se matérialise donc par cette création : elle est supposée permettre de rompre avec l'idée commune que le plus important, en termes d'électorat, et ce depuis plusieurs scrutins maintenant, des parties centristes trouvait quand même ses racines dans un pendant tribordien de l'échiquier politique.

Que faut-il voir dans la volonté de M. Bayrou de s'affranchir de cette allégeance, dont ont pourtant à nouveau retémoigné la plupart des députés de l'UDF (nom de parti dont le brevet a été déposé par M. Hervé de Charrette (désormais affilié à l'UMP)), à la majorité de droite ?

Evidemment pas la volonté de jouer dès aujourd'hui un rôle prépondérant dans l'activité politique décisionnelle, mais plutôt d'une part de se délier de l'ombre persistante du gros parti de droite planant sur lui depuis son époque ministérielle,  et d'autre part, de tabler sur cette indépendance partisane, propice à l'exercice d'une pensée libre, pragmatique, adaptable aux situations auxquelles les gouvernants ont à faire face, et affranchie de tout "totalitarisme" qui pourrait trouver à se déployer dans un parti de majorité, ou d'opposition.

Cette position d'électron libre semble fondamentalement liée à la pure idéologie centriste: aucune affiliation... La proximité du centre à la droite, ces derniers temps, pouvait néanmoins probablement trouver une explication dans ce fait que la droite, dans la tradition chiraquienne, se voulait sociale, européiste, et voyait toujours son faciès se déformer à l'énonciation du mot "libéralisme", alors que la gauche des deux dernières décennies restait sous l'égide du personnage de Mitterrad qui aura définitivement marqué une génération politique. Ainsi pouvait-on considérer la droite plus au centre que la gauche.

La campagne présidentielle de 2007 a, à cet égard, provoqué une rénovation de la scène politique en ce qu'elle a été le théâtre d'une translation relative des idéologies partisanes, plus officiellement marquée par l'UMP que par le PS, d'ailleurs. Ainsi, on a eu affaire à un candidat de droite prêchant un discours décomplexé, faisant fi de la particulière réticence qui commençait à être coutumière de la droite au libéralisme, et allant même "chasser sur les terres [(diantre!)] du terrible Front national", et donc rompant indéniablement avec la modération qui fût propre au chiraquisme.

A gauche, la candidate, par la situation particulière, cavalière, et si délicate, qu'elle occupait à l'égard des cadres du parti qui l'avait pourtant investie, a dû tenter des innovations pour se démarquer d'une part de l'échec de Lionel Jospin le 21 avril 2002, et des dissenssions tiraillant le Parti Socialiste depuis lors. Cependant son glissement vers le centre n'a pas réellement été perceptible, et beaucoup ont au contraire ressenti qu'une émanation de Mitterrand se produisait sous leurs yeux ébahis.

Ce glissement à droite de la droite, et cette relative immobilité de la doctrine du seul parti "plausible" (si l'on puis oser) à gauche, a donc libéré un espace, et une opportunité historique en faveur du candidat du centre, qui a d'ailleurs remarquablement su tirer profit de la conjoncture.

En effet, s'appuyant sur son thème favori de l'impossibilité de faire les bons choix dans un système où majorité et opposition s'affrontent de manière mécanique, sans faire usage de ce miracle humain du filtre de la pensée, et de la liberté individuelle de penser, et de son engagement à transcender cette opposition systématique en faisant appel aux "meilleurs de droit et de gauche", F. Bayrou a su s'emparer du trou béant creusé dans l'électorat français.

La particularité de l'élection, et qui a peut être le plus contribué à son suspense, est aussi le fait que les candidats des deux gros partis pâtissaient (mais jouissaient) aussi de caractères, de qualités qui ont semblé influé sur les opinions indépendamment des sensibilités idéologiques, ou tout du moins d'une manière relativement autonome.

Ségolène

Royal fût ainsi largement fustigée (même dans son propre camp...) pour ce que certains désignaient par le terme d'incompétence, d'autres pour son illégitimité, son arrivisme; Nicolas Sarkozy fût quant à lui l'objet d'une opération de "diabolisation" qui se fondait sur ses traits de caractère, son mode discursif, sa "brutalité" verbale et gestuelle, sur ce que révélait son penchant à séduire, naturellement, l'électorat FN, plutôt que de venir chasser au centre.

Ainsi la part belle était alors taillée à des choix intuitifs, qui devaient s'affranchir de l'absolutisme partisan, on entendit dès lors des: "je suis socialiste, mais Ségolène, je ne peux pas... je voterai Bayrou. (voire Sarkozy)", et dans l'autre sens également; les refrains de "c'est moins pire si... alors je...", etc.

Somme toute c'est un spectacle politique assez désolant qui nous était ainsi offert pour une première expérience présidentielle des jeunes qui, comme moi, étaient en quête de la possibilité de soutenir idéologiquement un candidat plausible...

Finalement, l'élection législative se présente comme porteuse d'une alternative simple: droite ou gauche, qui ne permet malheureusement pas à la tendance centriste de se manifester dans l'exercice du pouvoir parlementaire, et ainsi de se donner un second souffle après la, petite, désillusion du 22 avril, et qui contraint à se raccrocher à l'espoir que cette multiplication par trois des suffrages recueillis au soir du premier tour a fait naître.

Le nouveau mouvement démocrate doit se construire comme une force politique nouvelle, forte d'une fraicheur incomparable sur la scène politique française, et construire son positionnement politique par un subtil alliage de positions fortes (sur l'Europe, sur le rôle moderne de l'Etat quant à la société, et l'économie nationales, sur l'écologie notamment), et par la poursuite d'un positionnement pragmatique, sur biens d'autres sujets, en se définissant par un affranchissement global de la sempiternelle opposition "droite gauche".

C'est ainsi que je souhaite voir l'avenir du centre, de notre centre, de mon centre.

A bon entendeur...

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Vocable OG
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